.
Sieste à l'écart de la route après le passage de nuit du checkpoint de Kudi |
Nous avions entendu
toutes sortes d’histoires sur le checkpoint de Kudi, la plupart étant
des rumeurs véhiculées sur les forums principalement par des gens qui
n'y ont jamais mis les pieds, la seule info vraiment crédible étant que
si vous vous pointez de jour sans permis, les militaires vous font faire
demi-tour.
Le
réveil sonne à 2h15 du matin mettant fin à une nuit bien trop courte à
mon goût. Nous avons campé cachés de la route derrière une butte de
terre. Kudi est à 6 km environ. Heureusement, la route est goudronnée
sur cette portion, ce qui rend la progression à la lampe frontale plus
aisée. Quelques chiens en quête de proies (les cyclistes figurant parmi
leurs préférées) aboient à notre passage. Armée de cailloux et d’un
grand bâton, je n’ai (presque) même plus peur (euh... non, ça, c'est pas
vrai !). Petite montée d’adrénaline quand l’un des canidés entreprend
de s’approcher d’un peu plus près. « Fais gaffe, tu vas finir en steak »
lui criai-je. Efficace.
3h45
du matin. Première barrière à l’entrée du village. Elle est levée. Nous
éteignons les frontales. Il n’y a personne, ouf. Le vrai checkpoint
gardé est un peu plus loin à la sortie du village. Les barrières sont
abaissées, éclairées par un spot. J’espère que le tricycle passe bien en
dessous car il n’y a pas la place sur les côtés. Petite seconde de
doute vite passée. Juste le temps d’entendre un vague « héhé » de la
part du militaire de faction probablement légèrement surpris dans son
sommeil, nous accélérons dans la nuit avant de rallumer les frontales.
C’était finalement d’une simplicité banale.
Pendant
quelques minutes, je m’inquiète de savoir si le militaire a donné
l’alerte. Aucun mouvement à l’horizon. Peut-être vaut-il mieux pour lui
ne rien dire, il se ferait engueuler d’avoir laissé passer des cyclistes
clandestins ? Nous pédalons jusqu’au petit jour, avant de nous cacher à
nouveau derrière un talus. Aucune idée à quel point nous allons être
recherchés (notre ego voudrait quand même que les autorités
s’intéressent un peu à nous), mais le récit d’un hollandais qui s’est
fait arrêter une dizaine de km après le checkpost nous incite à la
prudence. Profil bas aujourd’hui et les quelques jours suivants. Nous
passons la journée derrière un talus, avant de redécoller juste avant la
nuit vers 19h.
Le
ciel est dégagé, et la lune presque pleine éclaire la route devant
nous. Pas besoin de frontale. Les montagnes surplombant la vallée sont
enveloppées d’une lumière envoûtante. Nous roulons ainsi jusque vers 23h
avant de chercher un endroit pour camper et nous cacher la journée
suivante. Il fait moins 8°C au petit matin, petit avant-goût de ce qui
nous attend... Heureusement, rapidement le soleil sort et réchauffe la
tente. C’est un peu frustrant de rester là à attendre, mais ça permet de
se reposer et d’écrire un peu. Nous avons décidé d’avancer ainsi
jusqu’à Mazar. Ensuite, Inch Allah (même s’il vaudrait mieux invoquer
d’autres dieux une fois quitté le pays ouïghour). On ne va pas non plus
traverser tout le Tibet de nuit pour échapper aux autorités ! D’autant
qu’on est encore loin du Tibet à proprement parler. Il nous reste 500km à
parcourir, 5 grands cols à franchir et l’immense désert glaciel de
l’Aksai Chin à traverser.
No comments:
Post a Comment